Tremblements de terre dans le monde

Tectonique

L'épicentre de ce tremblement de terre est situé à mi-chemin entre les îles de Simeulue et de Nias, à seulement 180 km au sud-est de celui du 26 décembre 2004. Le tremblement de terre a eu lieu sur la même limite de plaques, à la frontière entre la plaque indo-australienne et la plaque de la Sonde, qui est rattachée à la plaque eurasiatique. Ces deux plaques se déplacent l'une vers l'autre à une vitesse de 5 à 6 cm/an. Comme le rapprochement est dirigé obliquement par rapport à la limite entre les deux plaques, le mouvement peut être décomposé en un mouvement de subduction, par lequel la plaque Indo-australienne plonge en dessous de la plaque de la Sonde, le long de la fosse de la Sonde, et un mouvement de faille latéral, le long de la faille de Sumatra, qui s'étend sur toute la longueur de Sumatra. Le tremblement de terre s'est produit dans le plan de subduction et est la conséquence du relâchement des tensions qui se sont accumulées pendant des décennies, voire des siècles, suite au mouvement continu des plaques.

Ce tremblement de terre n'est pas une réplique de celui du 26 décembre 2004, mais un nouveau mégaséisme de subduction (megathrust) qui s'est produit sur le segment contigu de la zone de subduction de la Sonde, lequel n'avait pas bougé lors du premier tremblement de terre et où on n'avait d'ailleurs observé quasiment aucune réplique. Sur ce segment de faille, où aucun séisme important ne s'était produit depuis 1861, le tremblement de terre de décembre 2004 a causé une augmentation supplémentaire des contraintes, ce qui a apparemment suffi à déclencher ce nouveau tremblement de terre. D'après les estimations, la faille aurait bougé sur une longueur de 350 km, avec un déplacement moyen de 6 m et maximal de 12 m. (source : Chen Ji, Caltech). On notera que la rupture s'est surtout concentrée sur la moitié inférieure du plan de subduction. L'énergie totale libérée était environ 3 fois plus faible que lors du séisme de décembre 2004.

Mécanisme au foyer

	Azimut	Pendage	Glissement	Représentation
Plan 1	329°	7°	109°
Plan 2	130°	83°	88°

Le mécanimse au foyer est pratiquement identique à celui du 26 décembre 2004. Le plan 1 est en accord avec la géométrie de la limite des plaques et avec la localisation des répliques. On note dans ce cas aussi un pendage - c.à.d. une pente - très faible du plan de subduction (moins de 10°).

Source de données: Harvard CMT

Tremblements de terre précédents dans la région

La zone de subduction au large des côtes occidentales de Sumatra est sismiquement très active. Des séismes d'une magnitude supérieure à 7 s'y produisent régulièrement. Le dernier grand tremblement de terre le long de ce segment date de 1861, avec une magnitude estimée à 8.5. Un peu plus au sud, entre l'équateur et environ le 5° de latitude sud, un grand tremblement de terre, de magnitude estimée à 8.7, a également eu lieu en 1833.

Aléa sismique

La carte du GSHAP (Global Seismic Hazard Assessment Project) classe la partie occidentale de Sumatra en zone à haut risque sismique (10 % de risque que l'accélération de pointe dépasse une valeur de 2.4 à 3.2 m/s² en une période de 50 ans).

Dégâts signalés

Ce tremblement de terre a coûté la vie à plus de 1500 personnes et causé des dégâts importants sur les îles indonésiennes de Nias, Simeulue et Kepulauan Banyak, au large des côtes occidentales de Sumatra. On déplore quelques morts également à Meulaboh, à Sumatra même.

Tsunami

Le tremblement de terre du 28 mars 2005 a aussi causé un tsunami mais dont l'ampleur fut bien moindre que celui du 26 décembre 2004. Sur l'île de Simeulue, les ports et aéroports ont été endommagés par des vagues de 3 m de haut, tandis que l'eau a été propulsée jusqu'à une hauteur de 2 m sur la côte ouest de l'île de Nias et jusqu'à 1 m de haut sur la côte ouest de Sumatra. À plus grande distance, jusqu'au Maldives, au Sri Lanka et aux îles Cocos, près de l'Australie, des fluctuations de 5 à 20 cm du niveau de la mer ont également été enregistrées par les marégraphes.

Ce tremblement de terre, malgré sa magnitude - et donc une énergie - plus faible que celui du 26 décembre 2004 était quand-même normalement suffisamment puissant pour engendrer un tsunami dévastateur. Ainsi le tremblement de terre de 1861, avec une magnitude comparable, a bel et bien causé un tsunami dévastateur. Curieusement, cela ne s'est pas produit en mars 2005. La raison pourrait résider en une combinaison des facteurs suivants :

• le mouvement de faille s'est limité principalement à la moitié inférieure du plan de subduction et ne s'est vraisemblement pas propagé tout à fait jusqu'au plancher océanique;
• avec une magnitude plus faible, le déplacement vertical du plancher océanique était aussi plus faible (environ 1 m) que lors du séisme de décembre 2004 (2 à 4 m);
• le déplacement moyen du plancher océanique est localisé au niveau des îles situées au large de la côte occidentale de Sumatra, à un endroit où la profondeur moyenne de l'océan atteint seulement 200 m. C'est beaucoup moins que lors du séisme du 26 décembre 2004, pour lequel la profondeur de l'océan, à l'endroit de la zone de rupture, atteignait 1000 à 1500 m. Lorsque la profondeur de l'océan au-dessus du foyer du séisme est faible, l'ampleur du tsunami à l'approche des côtes est bien moindre.

Sources

• Caltech (Division of Geological and Planetary Sciences)
• CSEM (Centre Sismologique Euro-Méditerranéen)
• GSHAP (Global Seismic Hazard Assessment Project)
• Harvard CMT (Harvard Seismology)
• ROB (Royal Observatory of Belgium)
• USGS-NEIC (U.S. Geological Survey, National Earthquake Information Center)

Liens

• Page d'information CSEM (Centre Sismologique Euro-Méditerranéen)
• Page d'information USGS-NEIC (U.S. Geological Survey, National Earthquake Information Center)